Il y a 400 ans, la fondation de la Congrégation de la mission

Philippe Lamblin* - Paris (France)

En 1612, Vincent, tout en demeurant curé de Clichy au nord de Paris, s’est vu confier la formation intellectuelle et religieuse du jeune Pierre, fils aîné de Philippe-Emmanuel de Gondi et de Françoise Marguerite de Silly dans leur hôtel parisien. Auprès de cette généreuse et vertueuse femme, soucieuse de ses sujets, Vincent faisait merveille pour rapprocher les paysans de Jésus-Christ et de l’Eglise. Vers 1615, l'épouse de Philippe-Emmanuel de Gondi lui demande d’être son directeur spirituel. Et Vincent l’engage à visiter les malades et assister les malheureux de ses terres.

Les prédications de Vincent

À la fin de l’année 1616, il l'accompagne chez un paysan à Gannes, à quelques kilomètres de Folleville en Picardie. Cet homme est proche de la mort, et Vincent lui propose de faire une confession générale. Cet homme a libéré sa conscience et trois jours avant sa mort, il s’est confié à Mme de Gondi en lui disant: «J’étais damné si je n’eusse fait une confession générale». Celle-ci s’est tournée vers son aumônier pour lui demander de faire une prédication pour vivre une confession générale le 25 janvier 1617 en l’église de Folleville. Il y eut un tel succès que les jésuites d’Amiens ont été appelés à la rescousse. À la suite de quoi, Mme de Gondi a proposé aux jésuites un fonds de 16.000 livres pour donner des missions tous les cinq ans sur ses terres. Les jésuites ont répondu que cela ne correspondait pas aux fins de leur compagnie. Les Oratoriens furent aussi sollicités sans succès.

En 1617, durant six mois, Vincent s’est éloigné de la famille Gondi pour prendre la cure de Châtillon-les-Dombes où il a créé avec quelques femmes la première Confrérie de Charité, officiellement le 8 décembre. Le couple Gondi fait intervenir Mgr de Bérulle afin que Vincent revienne à leur service. Le 24 décembre, il est de retour à Paris.

Une fondation parisienne

Durant l’année 1618, lors des séjours de la famille Gondi sur leurs terres, Vincent de Paul missionne dans les villages, parfois en compagnie de Françoise-Marguerite de Silly, notamment à Villepreux près de Paris, Joigny dans le département de l’Yonne, Montmirail à l’est de Paris. Le 25 février 1619, Françoise Marguerite de Silly rédige son testament alors qu’elle est alitée et gravement malade en son domicile parisien. En 1620, Vincent met en place des Confréries de Charité en Picardie à Folleville, Sérévillers et Paillart. Durant l’année 1621, Vincent de Paul envoie des prêtres en mission dans les diocèses de Beauvais, Sens et Soissons. Licencié en droit canon, en mars 1624, Vincent peut prendre possession du Collège des Bons-Enfants. Le bâtiment est en piteux état. Rénové, il servira de lieu de résidence et de retraite aux missionnaires.

Le 17 avril 1625, au cours de l’après-midi, Philippe-Emmanuel de Gondi et Françoise-Marguerite de Silly fondent la Congrégation de la Mission devant deux notaires, Dupuys et Le Boucher, en leur hôtel de la rue Pavée à Paris en présence de Vincent qui a signé. Tout ce qui est décrit dans le contrat est le résultat des expériences missionnaires de Vincent à Clichy-la-Garenne, et depuis qu’il a été engagé chez les Gondi en 1613. L’appellation «Congrégation des prêtres de la mission» apparaît pour la première fois avec le choix des missionnaires, l’organisation des missions et leurs bénéficiaires. Le 23 juin 1625, Françoise-Marguerite de Silly décède prématurément et est inhumée dans l’église du Carmel de la rue Chapon à Paris. Le 4 septembre 1626, Vincent de Paul, François du Coudray, Antoine Portail et Jean de La Salle signent l’acte d’association des premiers missionnaires devant les notaires Saulnier et Charles.

* Responsable des archives historiques de la Congrégation de la Mission