Inondations à Kinshasa. Inondations à Kinshasa. 

Inondations à Kinshasa, expropriation et dragage des rivières

Des pluies diluviennes se sont abattues, vendredi 4 avril, sur la ville de Kinshasa. L'eau de la rivière Ndjili est sortie de son lit, occasionnant des inondations qui ont causé plusieurs morts et blessés, ainsi que d'énormes dégâts matériels. Dans une interview accordée à Radio Vatican, le professeur Jean-Willy Ndemi Kiling, docteur en sciences de l'environnement, attribue ce phénomène à l’activité humaine, tout en recommandant l’expropriation des zones mal loties et le dragage de la rivière.

Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican

La République Démocratique du Congo a connu des inondations récurrentes durants les soixante dernières années. Sa capitale, Kinshasa, située sur la rive gauche du fleuve Congo, au niveau du pool Malebo, est traversée par une vingtaine de rivières qui constituent l'un des moyens pour l'évacuation des eaux urbaines. Elles occasionnent parfois des inondations et érosions attribuées souvent à la mauvaise gestion de l’urbanisation. La montée des eaux de la rivière Ndjili, dans la nuit de vendredi à samedi 5 avril, a causé des inondations meurtrières.

Ce phénomène attire, de nouveau, l’attention sur la fragilité environnementale de la capitale congolaise. Kinshasa connait, en effet, de graves inondations lors de la saison des pluies au niveau des zones basses des rivières qui traversent la ville. Les pluies diluviennes et des inondations qui s’en suivent font régulièrement des victimes en vies humaines et des dégâts matériels considérables. Dans une interview accordée à Vatican News, le professeur Jean-Willy Ndemi Kiling, expliquent les causes des inondations répétées dans la ville de Kinshasa, les attribuant au mélange d’un facteur naturel à une déstructuration des activités humaines.

La mauvaise gestion de l’urbanisation et ses conséquences

«Nous pouvons dire qu'on n'a pas respecté les normes urbanistiques. Quand on lotit, il y a des normes, il y a des cahiers des charges. On devrait normalement respecter les zones de recul de la rivière Ndjili à partir de Lemba Imbu», fait-il remarquer, tout en soulignant combien, de part et d'autre du lit de la rivière, il existe des constructions érigées dans l'anarchie, en termes d'occupation libre de l'espace, sans tenir compte des normes urbanistiques. La capitale de la RDC est l’une des villes les plus peuplées du continent africain. Elle s’étend sur 9 965 km2 avec une population estimée en 2021 à plus de 17 millions d'habitants dans sa zone métropolitaine. Les difficultés de logement ont comme conséquence l'occupation irrationnelle des espaces, y compris les zones marginales: lit majeur des rivières, zones inondables et zones fragiles à fortes pentes sensibles à l'érosion.

Par conséquent, la capitale de la RDC est depuis plusieurs années le théâtre du plus grand nombre de catastrophes naturelles, notamment les inondations. Selon des experts, les parties basses de ces rivières constituent des sites de dépôts des matériaux arrachés aux flancs des collines par le processus érosif. En ce qui concerne la rivière Ndjili, le topographe congolais pointe également du doigt la mauvaise gestion des déchets domestiques: «À partir de Lemba-Himbu, jusqu’à l’embouchure, il y a des maisons et tous ces ménages produisent des déchets qui sont jetés dans la rivière Ndjili. Et si on jette cette quantité de déchets jour pour jour dans la rivière Ndjili, le problème surgit au niveau de sa profondeur...» Pour le professeur Ndemi, l’occupation urbanistique des zones de recul de la rivière, le jet des déchets solides dans la rivière et l’élimination de la forêt qui existait le long de la rivière, sont les trois facteurs majeurs qui ont exacerbé la gravité de ces inondations. Pour lui, «si on n'avait pas occupé ces zones, de manière libre, on ne devrait pas avoir un problème, parce que les inondations sont un phénomène naturel», ajoute-t-il.


L’expropriation et le dragage de la rivière Ndjili pour améliorer la situation

«Si on indique un endroit comme une zone non constructible, une zone qu'on ne doit pas occuper, c'est l'État qui est censé mettre de l’ordre», fait remarquer le professeur Jean-Willy Ndemi. Mais, poursuit-il, si l'on doit laisser les gens occuper de manière libre des zones marginales, l'État aussi a sa part de responsabilité. La population, qui vit dans l'ignorance, en est également responsable. Résoudre le problème, selon lui, et sur le plan purement scientifique, nécessite d'abord l'identification de tous les ménages qui se trouvent dans ces zones marginales en vue de procéder à l'expropriation, pour que la situation que l’on est en train de vivre ne se répète plus dans les dix ou quinze prochaines années. 

Toutefois, réitère le professeur Ndemi, «c'est l'État qui est censé mettre de l'ordre, et la population est là pour respecter l'orientation donnée par les services de ce dernier. Nous devons respecter la non-occupation des zones de recul». En vue d’éviter les éventuelles prochaines inondations, le topographe congolais accorde une importance particulière à l'importance que revêt l’écoulement de la rivière Ndjili vers le fleuve Congo. Il suggère les dragages réguliers de ce cours d’eau. «Si l'on ne procède pas au dragage de la rivière Ndjili, on aura toujours la même situation, les mêmes problèmes vont ressurgir. On doit laisser libre les zones de recul des rivières; on doit laisser libres les bassins versants, et éviter l’actuel désordre total», recommande le professeur environnementaliste et topographe Jean-Willy Ndemi Kiling.

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09 avril 2025, 14:52