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Image d'illustration: une vue du sanctuaire marial national d'Abidjan - Côte d'Ivoire Image d'illustration: une vue du sanctuaire marial national d'Abidjan - Côte d'Ivoire 

Mgr Yao Kouadio :«les Ivoiriens sont préoccupés par la présidentielle d’octobre 2025»

«Nous attendons de nos compatriotes, surtout de ceux engagés dans ce scrutin présidentiel, qu’ils mettent tout en œuvre pour une élection crédible, apaisée et inclusive». C'est l'appel lancé par le président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d'Ivoire dans un entretien accordé aux médias du Vatican. À l’approche de cette élection, il exhorte à éviter une autre crise électorale dans le pays.

Françoise Niamien - Cité du Vatican

Comme annoncé à l’issue de sa 126e assemblée plénière tenue en janvier dernier janvier dans le diocèse de Bondoukou, la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire face à la presse nationale et internationale, a adressé le 24 mars un message à tous les Ivoiriens dans leurs diversités. Ils ont, à cette occasion, réitéré leur appel pour une élection présidentielle juste, transparente, inclusive et apaisée.

Entretien avec Mgr Marcelin Yao Kouadio, président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d'Ivoire

«Être des artisans de paix»

Précédant une lettre pastorale, ce message, publié à près de 6 mois de l’élection présidentielle, a été portée à la connaissance de tous les fidèles catholiques du pays au terme des différentes célébrations eucharistiques du dimanche 30 mars. «Cette initiative vise surtout à sensibiliser au mieux nos fidèles catholiques. En tant que chrétiens, ils sont appelés à être lumière du monde et sel de la terre», a expliqué Mgr Yao Kouadio. De ce fait, «les catholiques ivoiriens sont appelés à une prise de conscience de leur mission de paix. Nous devons être les premiers à être des artisans de paix, de justice et de vérité en défendant et en protégeant la vie», a soutenu le président de la Conférence des évêques ivoiriens. Outre les Communautés ecclésiales de base, CEB, «ce message devra également être développé, analysé et médité dans les différents groupes de prières et associations de l’Église», a-t-il précisé ajoutant que ce message est à relayer à différents niveaux sous la conduite de la Commission nationale et des commissions diocésaines Justice et Paix.

«Évitons une autre crise post-électorale»

Poursuivant, Mgr Yao Kouadio a réitéré l’appel de la Conférence épiscopale ivoirienne à une élection présidentielle non seulement inclusive permettant à tous les potentiels candidats de figurer sur la liste électorale définitive, mais également transparente et juste dont le verdict des urnes sera accepté de tous. «C’est ainsi que nous parviendrons à une élection apaisée», a-t-il soutenu. Pour ce faire, l’évêque de Daloa a de nouveau appeler la Commission électorale indépendante, CEI, à être «véritablement indépendante et crédible». «La classe politique ivoirienne a le devoir d’offrir à la Côte d’Ivoire une élection présidentielle réussie et apaisée. Qu’elle sache éviter aux ivoiriens l’horreur des violences post-électorale», a-t-il déclaré. En effet, la crise post-électorale de 2010 a occasionné la mort d’au moins trois milles personnes, et celle de 2020 a fait 85 morts selon le gouvernement. «Ces dernières décennies, les élections présidentielles en Côte d’Ivoire ont été synonyme de peur, de violences, de perte en vie humaines. Ce qui suscite aujourd’hui chez les Ivoiriens une très grande préoccupation et la peur à l’approche du scrutin prévu le 25 octobre 2025», a regretté l'évêque de Daloa. Au regard de ces pages sombres de l’histoire de la Côte d’Ivoire, «Tous, nous sommes appelés à nous éviter une autre crise post- électorale», a-t-il insisté.

«Une voix audible»

À l’exemple de Jean-Baptiste criant dans le désert, exhortant à la conversion des cœurs, l'évêque ivoirien affirme que l’Église en Côte d’Ivoire a une voix audible. «Dans l’accomplissement de sa mission, l’Église a toujours prêché pour le bien du pays. À travers nos lettres pastorales en occurance "le chrétien et la politique"  publiée en 1999, ou encore nos messages, déclarations et homélies, nous avons toujours exhorté nos concitoyens à la paix, au pardon, à la réconciliation, à la vérité et à la justice en vue d’œuvrer tous ensemble pour le bien du pays», a-t-il relevé.

«La voix de l’Église est donc audible, seulement que certains de nos concitoyens refuse de l’entendre. Elle n'est pas bien accueillie. Nous en voulons pour preuve ceux qui depuis la publication de notre dernier message le lundi 24 mars 2025 n’ont pas manqué de nous qualifier d’opposants», a confié l’évêque soulignant que «nos prises de positions sont bien dans l’intérêts de notre pays et de tous ses habitants. Nous ne nous battons pas pour un quelconque parti politique. Là n’est pas notre combat. Nous nous battons pour le triomphe de la paix, la justice, la vérité, la vie et bien-être de nos populations». «Pour l’heure, nous attendons de nos compatriotes, surtout de tous ceux qui sont engagés dans ce scrutin présidentiel, qu’ils mettent tout en œuvre pour une élection crédible, apaisée, inclusive, et que le verdict des urnes s'impose à tous et à chacun», a conclu Mgr Marcelin Yao Kouadio.

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31 mars 2025, 11:50