Recherche

Les réfugiés fuient l'est du Congo vers le Burundi alors que les combats font rage dans le pays. Les réfugiés fuient l'est du Congo vers le Burundi alors que les combats font rage dans le pays. 

Face à l’afflux de réfugiés congolais, l’Église burundaise joue sa partition

Plusieurs villes au Burundi ont vu affluer des milliers de réfugiés congolais fuyant les conflits dans l’est du pays. Récemment, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (UNHCR) alertait sur le nombre de Congolais ayant dû fuir le pays. En moins de trois mois, ce sont plus de 100 000 personnes qui ont trouvé refuge dans des conditions difficiles dans les pays voisins, dont le Burundi qui en accueillerait près de 70 000, selon les données en date du 22 mars.

Augustine Asta – Cité du Vatican

«Depuis le 15 février 2025, avec la prise de la ville de Bukavu par les rebelles du M23, il y a eu un grand afflux de réfugiés congolais qui sont arrivés sur la frontière que nous avons avec la République démocratique du Congo, à Cibitoke», indique avec une certaine inquiétude l’abbé Bernard Cubwa, secrétaire général de la Caritas locale.

Tandis que les violences continuent dans le Nord-kivu, à l'est de la République démocratique du Congo, des milliers de personnes continuent de franchir quotidiennement la frontière du pays avec le Burundi voisin, qui fait ainsi face à l’afflux de réfugiés le plus important depuis des décennies. Des déplacés qui arrivent dans le dénuement le plus total. «Quand ils arrivent, ils n'ont même pas de couverture, d'ustensiles de cuisine, ni de quoi manger…Parmi ces réfugiés, il y a des femmes enceintes, des personnes âgées et beaucoup d'enfants. Il y a aussi des blessés, mais on a pu les soigner», détaille-t-il.

Si plusieurs réfugiés se trouvent dans des sites d’accueils, «il y en a d’autres qui ont trouvé refuge dans les stades, les écoles, ou encore les bureaux administratifs ou dans les maisons de Rugombo», relève-il.

Parole à l’abbé Bernard Cubwa, secrétaire général de Caritas Burundi.

Face à l’afflux, la mobilisation générale

«Le gouvernement burundais a tout fait pour que ces réfugiés congolais soient orientés vers un site bien connu dans la province de Rutana, commune de Giharo, sur le site de Musenyi». Seul problème, «il y a ceux qui n'ont pas accepté» alors qu'«autour de 10 000 réfugiés ont accepté, eux, de partir» vers ce nouveau site. Ce qui rend en effet la situation «complexe» sur le terrain affirme l’abbé Bernard Cubwa. À cet afflux important, s’ajoutent d’autres chiffres. «Il y avait aussi des réfugiés qui étaient déjà sur place, autour de 59 800», mentionne-t-il.

L’urgence humanitaire

Les Caritas paroissiales, les curés et les volontaires prêtent au quotidien mains fortes aux réfugiés. «Nous essayons de leur donner un peu de réconfort», souligne l’abbé. Cependant, «les besoins sont énormes», fait-il savoir. «Il manque le matériel de couchage. Les réfugiés vivent dans une grande promiscuité, ils ont donc besoin aussi des abris dignes», rapporte le secrétaire général de Caritas Burundi. Aussi, «l'eau n'est pas en quantité suffisante, il y a un manque de nourriture, mais il y a aussi un autre grand besoin, notamment de médicaments alors que nous avons déjà enregistré des cas de maladies diarrhéiques et de rougeole dans les sites qui abritent ces réfugiés», ajoute-t-il.

Face à cette «catastrophe humanitaire», «nous avons pu gérer très difficilement la situation avec l'appui de tous les partenaires qui interviennent dans les urgences. Nous avons aussi lancé un appel au niveau de Caritas Internationalis», explique-t-il. Sur les différents sites d’accueils, des denrées alimentaires, des produits de première nécessité ou encore du matériel de couchage entre autres sont remis aux déplacés.

Au Burundi, l’Église prône un message de paix et d’espérance.

L’Église aux côtés des réfugiés

«La nonciature apostolique au Burundi s'est rendue à Gihanga, où il y avait 4819 réfugiés, avec des dons en nature pour quand même venir en aide à ces déplacés», raconte l’abbé. L’Église locale est donc au chevet des réfugiés congolais qui ont trouvé refuge au Burundi et dissémine par ailleurs des messages d’espérance en cette année jubilaire. «Nous avons autour de 60 000 réfugiés qui se sont installés dans des camps», témoigne l’abbé Bernard, poursuivant: «Le nonce apostolique a célébré la messe à Guihanga et a transmis des messages de paix, des messages de convivialité, mais aussi d'espérance pour qu'ils puissent espérer avoir un Congo tranquille, libre de toute oppression dans les années à venir».

Dans un tel contexte, le message d’espérance de l’Église au Burundi, résonne encore plus fort et invite à placer Dieu au centre de la détresse: «Nous leur disons aussi qu'ils sont ici juste pour un peu de temps, qu'il y a quand même des discussions, des négociations qui sont en cours et qu'un jour ils pourront retourner chez eux pour continuer leur vie», conclu-t-il.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

07 avril 2025, 10:36