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2019.07.05 Vescovi, sacerdoti, preti, vescovo, sacerdote, prete Histoires d'Espérance

La conversion du père Baldé, fils d'un imam devenu prêtre

En ce Jeudi Saint qui ouvre le Triduum pascal, l’Église commémore l’Institution de l’Eucharistie rappelant le dernier repas pris par Jésus avec ses disciples. Ce jour marque également la fête du sacerdoce où tous les prêtres sont invités à renouveler leur engagement pris lors de leur ordination. Le père Frederic Baldé, prêtre du diocèse de Paris, et dont le parcours le conduisant au ministère sacerdotal a été parsemé d'embûches, exprime sa joie de «participer au sacerdoce du Christ».

Entretien réalisé par Myriam Sandouno - Cité du Vatican 

«Dans chacune de nos histoires», comme indiqué dans l’homélie du Pape, lue par le cardinal Domenico Calcagno lors de la messe chrismale de ce Jeudi Saint, 17 avril, «Dieu ouvre un jubilé, c’est-à-dire un temps et une oasis de grâce». «Nous, les prêtres, rappelle le Saint-Père, avons aussi une histoire: en renouvelant nos promesses d’ordination le Jeudi Saint, nous confessons que nous ne pouvons la lire qu’en Jésus de Nazareth». Le Christ qu’a bien voulu suivre le père Frederic Baldé. Fils d’un imam originaire de la Guinée, issu de la communauté peule, il a fait le choix de devenir chrétien contre l’avis de ses proches. Dans un entretien accordé à Radio Vatican-Vatican News, le prêtre du diocèse de Paris et de la communauté de l’Emmanuel, curé-recteur de la basilique du Sacré-Cœur de Balata à Fort-de-France en Martinique, revient sur sa conversion et le sens de l’Eucharistie en ce Jeudi Saint.

Père Frederic Baldé, le Jeudi Saint est un jour particulier pour les prêtres, puisqu’ils commémorent l’Institution de l’Eucharistie. C’est également la fête du sacerdoce, comment vous vivez aujourd'hui ce moment?

C'est toujours une très grande joie de vivre la Semaine Sainte, de pouvoir vraiment renouveler mes engagements pris lors de mon ordination. Et donc c'est l'occasion, le Jeudi Saint de prendre conscience de ce don inestimable qui m'a été fait de participer au sacerdote du Christ, et de vivre véritablement dans la gratitude. C'est gratuitement que Dieu m'a fait ce don et en même temps, il est fidèle à ce don jusqu'au bout. Malgré mes infidélités, mes faiblesses, je peux toujours m'appuyer sur le Christ. 

Fils d'un imam, vous faites le choix de devenir chrétien. Comment la nouvelle a été accueillie dans votre famille, issue d'une communauté peule, et très ancrée dans l'islam?

Oh, très, très mal! Pour mes parents, il n'en était pas question. Pour mes parents, c'était un retour en arrière, car ils estiment que l'islam est la dernière religion monothéiste révélée, et donc, pourquoi revenir au christianisme? Et puis, vu la position de ma famille, c'était inacceptable. Cette situation a donc provoqué une rupture entre mes parents et moi, rupture qui a duré une vingtaine d'années, ce qui d'ailleurs m'a obligé à quitter la Guinée. J'ai poursuivi mon chemin, ma formation, sans que ma famille, mes parents y soient associés jusqu'à mon ordination. C'est seulement plusieurs années après mon ordination que, petit à petit, les relations se sont rétablis avec mes parents. Même si la question religieuse reste quand même presque un sujet tabou. 

Qu'est-ce qui a motivé ce choix de suivre le Christ?

Ce qui m'a motivé à devenir chrétien, c'est simplement la question de la communion avec Dieu. Avec la foi chrétienne, je me rendais compte de cette possibilité, puisque si Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, non pas pour juger le monde, mais pour que par Lui le monde soit sauvé, c'est qu'il y a donc une possibilité de communion avec Dieu. De là à devenir prêtre, c'est une autre histoire. Mais c'est là aussi qu'on se rend compte de la sollicitude du peuple chrétien, du peuple de Dieu. Puisque moi, je n'avais jamais imaginé devenir prêtre. Un jour, des fidèles paroissiens m'ont posé la question. «Alors, tu ne veux pas devenir prêtre?» J’ai été très surpris... Et puis finalement, je me suis dit, il est temps de prendre cette question au sérieux, de poser la question au Seigneur. Au fur et à mesure, mon cœur s'est ouvert à cette proposition pour être enfin capable d'entendre l'appel du Seigneur et de pouvoir y répondre.

Dans le diocèse de Paris vous avez été responsable des relations avec l’islam, comment avez-vous vécu cette expérience?

Ce fu une occasion pour moi de beaucoup former les fidèles chrétiens sur la connaissance de l'islam, pour entrer en dialogue avec l'islam partout où ils sont, dans leur milieu de travail, dans leur quartier, dans leurs écoles, etc. Donc j'ai assuré beaucoup de formations pour la découverte, pour la présentation de la foi musulmane, pour que les chrétiens, face à un musulman, comprennent: ce qu'il pense, ce que les choses veulent dire pour lui, pour ainsi entrer en dialogue avec l’autre. En réalité quand on connaît l'autre, il fait moins peur.

Le plus important, c'est d'être ancré en Christ. Si le Christ n'est pas notre tout, ça ne peut pas marcher. Et quand le Christ dit: «Je ne vous appelle plus serviteur, mais ami». Il faudrait vraiment que nous fassions cette expérience intimement, dans notre cœur. Il nous faut être de vrais amis du Christ. C’est cela qui nous aidera à tenir dans les moments difficiles, dans les moments d'épreuve. «Il m'a aimé le premier et il a livré sa vie pour moi»: C'est le socle qui doit être la base de toute personne voulant se donner au Christ, voulant suivre le Christ.

Quel sens donnez-vous à l’Eucharistie?  

L'Eucharistie est toujours l'occasion de recevoir le Christ en plénitude. Et c'est Lui qui se donne. Se préparer à cette rencontre, à ce don qu'Il nous fait, c'est toujours une joie, malgré les épreuves que l'on traverse. L'Eucharistie, ne se résume pas simplement à la messe célébrée, c’est aussi l’adoration, avoir ce «cœur de l’Eucharistie», cette adoration qui nous permet en quelque sorte de vivre dans cette action de grâce continuelle et de pouvoir s'émerveiller devant tout ce que Dieu fait pour nous. Car quand je suis devant l'Eucharistie, je me dis: nous sommes aimés à ce point?

Ce grand don de Dieu dans l'Eucharistie est tellement immense que cela ne peut que nous réjouir et nous faire comprendre que nous devons faire confiance au Seigneur en toutes circonstances. Tout est possible pour Dieu. Malgré mes faiblesses, mes imperfections, le Christ m'a aimé. En restant fidèle, en me battant pour Lui avec ce que je suis, je pourrais contempler le Seigneur face à face.

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17 avril 2025, 16:01