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Mgr François-Xavier Maroy mettant des gerbes de fleurs sur les tombes de trois évêques martyrs de Bukavu - Photo d'illustration Mgr François-Xavier Maroy mettant des gerbes de fleurs sur les tombes de trois évêques martyrs de Bukavu - Photo d'illustration  

Pâques: l'archevêque de Bukavu exhorte à la fin de la guerre en RDC

Dans son message de Pâques adressé aux fidèles de son archidiocèse, Mgr François Xavier Maroy revient sur la situation que traverse les fidèles de Bukavu et du Kivu en général, toujours sous occupation des rebelles de l’AFC/M23. L’évêque réitère son appel aux politiques, surtout ceux impliqués dans ce conflit, à prendre «des décisions utiles pour arrêter la guerre au lieu de prolonger des discussions qui laissent le peuple meurtri dans l’agonie».

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Famine, insécurité, enlèvements, viols, tueries. Tel est le climat qui règne dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, tandis que la région reste sous occupation des rebelles de l’AFC/M23. Chaque jour qui passe accroit le nombre des victimes. Comment donc fêter Pâques dans un tel contexte, interroge Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu. «Dans ce contexte, l'Eglise n'est pas appelée à se retirer, à se taire mais à témoigner avec courage et joie, car nous sommes pèlerins d'espérance et le Christ notre Sauveur est vainqueur du monde», affirme l’évêque.

Eviter de prolonger des discussions qui laissent le peuple meurtri dans l'agonie

Mgr Maroy décrit une situation de survie et d’ultimes recours dans les zones occupées par les rebelles. Les mouvements étant limités, les échanges réduits, les deux provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu se trouve enclavées, déconnectées de l’ensemble du pays. Comme conséquences : les emplois et salaires se trouvent bloqués ; certains hôpitaux en rupture des médicaments ; et le banditisme bat son plein…, explique-t-il. L’évêque élève alors la voix pour rappeler aux décideurs politiques à ne pas prolonger infiniment la souffrance de ce peuple. «Que nos dirigeants, qui sont nos frères africains, prennent des décisions utiles pour arrêter la guerre au lieu de prolonger des discussions qui laissent le peuple meurtri dans l'agonie», clame l'archevêque, réitérant un appel déjà lancé deux mois auparavant.


Jouir des biens de la terre sans logique d’extermination

L’archevêque de Bukavu revient sur les soubassements économiques de la guerre qui leur est imposée. «Nous habitons dans une Province, dit-il, convoitée pour la simple raison que le Ciel nous a donné une terre où coule le lait et le miel». L’évêque n’invoque aucune exclusivité sur les richesses de leur pays mais rappelle au principe de responsabilité et de non conflictualité.  «Nous savons que les biens de la terre sont à la disposition de l’homme pour son bonheur et son développement, écrit-il ; nous devons en jouir tous avec responsabilité, sans conflictualité ni logique d'extermination des uns et des autres».

Briser les chaines de la division

Tout en remerciant «ceux qui nous [leur] ont évité les affrontements dans les grandes agglomérations» à la chute de la ville de Bukavu, l’Evêque appelle à leurs dirigeants à lutter contre toute tendance à l’hostilité entre leurs peuples. «Que tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir sur nous, écrit-il, brisent les chaînes de la division qui nous lient pour que nous soyons libres de travailler nos champs, vaquer librement à nos activités sans peur de tomber entre les mains des méchants et que nous produisions ce qu'il faut pour le bonheur de tous». «Ceux qui nous opposent et nous divisent, insiste l’archevêque de Bukavu, ne sont pas nos amis, et Dieu seul sait si leur objectif ne vise pas la réduction des africains !».


Des ressuscités, c’est-à-dire des témoins de la vie

Mgr Maroy met les fidèles de son archidiocèse en garde contre toute tendance à la banalisation de la vie et la cruauté montante dans leur zone. «Ce n'est pas un signe de bénédiction ou d'honneur, insiste l’évêque, que nos propres enfants et même ceux des étrangers soient fauchés sur notre sol alors que nous avons tous la vocation de vivre en frères et sœurs dans la force de la loi et non la loi de la force». Ainsi invite-t-il ses fidèles à «ôter de leurs cœurs la pierre qui nous [les] enferme dans nos [leur] tombeaux». Le Seigneur ressuscité, dit-il, «veut que la Lumière de Pâques brille dans le monde entier et surtout ici chez nous». «Recherchons les choses d'en haut et travaillons pour un Pays unifié, une Province pacifiée et ainsi le Çhrist fera de nous tous des ressuscités, des témoins de la vie qu'il donne en plénitude à toute création», exhorte le prélat.

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16 avril 2025, 16:25