Pour Mgr Marini, François était dévoué à la Sainte Vierge Marie
Vatican News
«Avec la Vierge, on ne fait pas de calculs...». C'est la réponse que Mgr Guido Marini aujourd'hui évêque de Tortone et maître des célébrations liturgiques pontificales de 2007 à 2021, a reçue, lorsqu'il avait proposé avec quelques hésitations au Pape François un chapelet d'or à donner à la statue de la Vierge de Fatima passant sur la place Saint-Pierre. L’évêque a raconté cet épisode lors de la messe en suffrage du Souverain pontife célébrée le 23 avril dans la cathédrale de Tortone.
«Nous savons combien il était dévoué à la Sainte Vierge», a-t-il déclaré, «son souhait, également exprimé dans son testament, était d'être enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans la chapelle de la Salus Populi Romani, où il s'est rendu tant de fois au cours de son pontificat, avant et après chaque voyage et en de nombreuses autres circonstances, mais je tiens à rappeler deux épisodes en particulier à ce sujet. Nous étions au début du pontificat... et sur la place Saint-Pierre, on avait apporté la statue de Notre-Dame de Fatima et le Pape devait faire un geste de vénération. On pensait que pour que François fasse ce geste, il fallait mettre un chapelet dans les mains de Notre-Dame», a-t-il détaillé. Poursuivant: «Je me suis donc mis à la recherche d'un chapelet, mais je n'ai rien trouvé de significatif sauf un très beau, chapelet en or, et je dois dire que j'étais un peu gêné, parce que je savais déjà que le Pape aimait les choses simples. Je suis allé voir le Pape, j'ai dit: "Saint-Père, j'ai trouvé un chapelet..." Il a répondu: "Bien, bravo", et puis j'ai ajouté, "c'est un chapelet en or". J'étais prêt à l'entendre dire non, et au lieu de cela il a dit: "C'est bien, parce que avec la Vierge on ne fait pas de calculs, un chapelet en or c'est bien"», a-t-il raconté. Toujours à propos de la dévotion mariale de François, l'évêque de Tortone a affirmé qu’«au cours de cette célébration, ils ont porté la Vierge de l'obélisque à l'estrade sur leurs épaules, ils ont ensuite dû monter les marches et arriver au-dessus du parvis, à un moment donné, le Pape se tourne vers moi, et me dit: "Viens, car on va à la rencontre de la Vierge, on ne la fait pas attendre"». Pour Mgr Marini, les paroles du Pape sont une preuve de la «dévotion profonde, mais simple et populaire du Saint-Père à l'égard de la Vierge».
Un Pape attaché à la miséricorde
L’évêque a ensuite évoqué un thème principal du pontificat du Pape défunt, la miséricorde: «Je me souviens que, dans la basilique Saint-Pierre, lors de la première liturgie pénitentielle que le Pape a vécue pendant le carême, il y a eu un moment où lui et d'autres prêtres se sont installés dans les confessionnaux pour écouter les confessions de toutes les personnes présentes et j'ai été appelé à l'accompagner jusqu'à son confessionnal. Lorsque nous sommes arrivés près de son confessionnal, il a pris une autre direction -c'était inattendu- et s'est rendu dans un autre confessionnal qui se trouvait à proximité, il s'est agenouillé devant un confesseur qui était sans voix et lui-même s’est confessé à la vue de tous. Ensuite, dans la sacristie, il m'a dit: "Je regrette de ne pas t'avoir écouté, j'ai pris un autre chemin, mais je voulais que ce geste du Pape aide tout le monde à comprendre la beauté de la confession, à comprendre la beauté de la miséricorde de Dieu, à comprendre quelle joie on ressent vraiment quand on s’approche du Seigneur et qu’on lui demander pardon"».
En ce qui concerne la joie de l'Évangile qui a donné son nom à la première exhortation apostolique du Pape argentin, Mgr Marini a fait savoir qu’«un jour, François a dit: “Vous voyez, j'aime beaucoup aller parmi les gens avec un sourire sur les lèvres, peut-être parfois en faisant des gestes un peu particuliers, parce que je veux communiquer la joie du Seigneur, je veux que chacun puisse vivre l'Évangile est la vraie joie de la vie”». L'évêque a ensuite rappelé le mot «todos» répété trois fois lors des dernières JMJ de Lisbonne: «Todos, Todos, todos» «tout le monde, tout le monde, tout le monde». «Que voulait-il dire? Que l'Église ne peut qu'avoir dans son cœur le désir d'aller vers tous, d'écouter tous, de dialoguer avec tous, d'apporter à tous la beauté de l'Évangile qui sauve et du Seigneur qui est le Sauveur», a-t-il précisé.
La synodalité du Pape François
Mgr Marini a ensuite évoqué la synodalité: «Nous avons été impliqués dans ce parcours synodal, un parcours que le Pape a obstinément voulu, il me l'a dit plusieurs fois personnellement, non pas pour que des documents soient rédigés. Il a dit: "Je ne suis pas intéressé par la rédaction d'autres documents, je suis surtout intéressé par le fait que cette fois-ci, ce voyage nous aide tous à vivre la communion, la participation, la coresponsabilité, le fait d'être vraiment un seul corps d'une manière plus significative, plus vraie et plus profonde", aussi parce que, comme le Pape le savait bien, la mission ne se réalise que là où il y a la communion et ce n'est que la charité dans l'Église, la communion dans l'Église».
En ce qui concerne l'amour du Pape pour les pauvres, l'ancien maître des célébrations liturgiques pontificales a déclaré: «Il se souciait des pauvres, il se souciait de tous les besoins de l'humanité et ce n'était pas une pose. Un jour, dans la sacristie, après une rencontre avec des pauvres, je l'ai vu pleurer et il pleurait vraiment, parce qu'il ressentait la pauvreté de l'humanité sous toutes ses formes comme une douleur qui lui était propre, une douleur personnelle, une douleur qui touchait son cœur. Il a vraiment pleuré dans le secret d'une sacristie, se souvenant d'une rencontre qu'il avait eue avec l'un de ces pauvres et lorsque, quelques jours après son élection comme Pontife, nous nous sommes rendus dans une prison pour mineurs, je me souviens qu'avant la messe, il a dit ceci: “Savez-vous que chaque fois que je viens dans l'un de ces endroits, je me demande pourquoi eux et pas moi? J'aurais pu être là”. Et il m'a dit: “Pensez-y”».
Engagé en faveur de la paix
Parlant de son engagement en faveur de la paix, Mgr Marini a estimé que même en tant que prophète souvent ignoré, le Pape «ne s'est jamais lassé de proclamer la paix, de l'annoncer, de la demander comme un don pour cette pauvre humanité en guerre». C’était un pasteur qui «aimait passionnément le monde et une chose qui m'est restée, c'est qu'il s'intéressait à tout, parce que tout ce qui avait trait à l'homme l'intéressait, toutes les expressions de l'humanité l'intéressaient, tout ce qui avait trait à l'homme était dans son cœur et il le prenait à cœur. Il voulait être... un peu le curé du monde. Pensez aux appels téléphoniques qu'il effectuait avec des gens ordinaires ou aux cartes d'autographes qu'il envoyait dans le monde entier. Il avait le monde dans son cœur et cet aspect de son pontificat s'est peut-être cristallisé une fois pour toutes dans l'histoire ce 27 mars 2020, l'année du Covid, lorsque le Pape est apparu seul sur la place Saint-Pierre. Les yeux du monde étaient rivés sur cette place. Il a amené le monde entier devant le Seigneur. Cela restera peut-être la plus belle image d'un Pape qui a vraiment porté son cœur au monde en permanence».
Enfin, l'évêque de Tortone a rappelé le «courage et la liberté» de François: «Il a voulu contribuer à la réforme de l'Église. L'Église, à toutes les époques de l'histoire, a besoin d'être réformée dans sa dimension humaine. Pourquoi? Parce que le temps produit des incrustations, des mécanismes qui ne tournent plus comme ils le devraient. Avec courage et liberté, il a essayé d'apporter sa propre contribution dans cette direction. Et cela ne lui a pas toujours valu d'être bien accueilli. Le jour de sa première célébration d'investiture en tant que Pape, vous pouvez imaginer la liesse qui régnait sur la place Saint-Pierre. De retour à la sacristie, imaginez ce qu'il a dit: "Vous voyez, aujourd'hui, cette jubilation des gens sur la place Saint-Pierre m'a fait penser à l'entrée de Jésus à Jérusalem". Et aussitôt, j'ai pensé et je me suis dit: "Souvenez-vous de cela quand viendront les jours de la Passion et de la Croix". Et c'est ce qui s'est passé. Car il en est ainsi pour tous les Papes».
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