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L'archevêque de Juba, le cardinal Ameyu Martin Mulla, en amont de la visite du Pape au Soudan du Sud, en janvier 2023. L'archevêque de Juba, le cardinal Ameyu Martin Mulla, en amont de la visite du Pape au Soudan du Sud, en janvier 2023. 

L’archevêque de Juba se désole de la perte de leur «défenseur»

Le cardinal sud-soudanais Stephen Ameyu pleure la disparition du Pape François et rappelle qu'il était la seule voix sur la scène internationale qui continuait à appeler à la paix et au dialogue dans ce pays en souffrance.

John Baptiste Tumusiime et Linda Bordoni – Cité du Vatican

«Nous avons été choqués» par l’annonce du décès du Pape François, lui qui dimanche encore était apparu publiquement pour donner sa bénédiction. Dans une interview accordée à Vatican News, le cardinal Stephen Ameyu, archevêque de Juba, a exprimé le déchirement du peuple sud-soudanais qui «a perdu le seul avocat qui rappelait constamment au monde notre guerre oubliée». Ce un grand choc, et «pour nous, c'est une grande perte: le peuple du Soudan du sud a perdu son défenseur».

Le cardinal Ameyu se souvient avec gratitude de l'engagement indéfectible du Pape envers son pays. Alors même qu'il luttait contre sa pneumonie, «le 30 mars, il a mentionné nos problèmes. Il a mentionné le Soudan et le Soudan du Sud. Il nous a maintenus sous les feux de la rampe».

Il y a seulement deux ans, le Pape François s'est rendu au Soudan du Sud du 3 au 5 février 2023, sa dernière visite sur le continent africain. Malgré sa fragilité physique, il a tenu à entreprendre ce pèlerinage œcuménique pour la paix avec l'archevêque de Canterbury et le modérateur de l'assemblée générale de l'Église d'Écosse, déterminé à mettre en lumière les souffrances persistantes du pays et à se joindre aux prières pour la paix avec le peuple.

«Lorsque nous sommes allés l'accueillir à l'aéroport, se souvient le cardinal Ameyu, l'esprit s'est levé, «Il était très enthousiaste pour le peuple sud-soudanais ».

En attendant l'arrivée du Pape François à l'aéroport de Juba en 2023.
En attendant l'arrivée du Pape François à l'aéroport de Juba en 2023.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

PLa visite du ape a été plus que symbolique. Elle a apporté de l'espoir à des milliers de personnes, en particulier aux personnes déplacées et marginalisées. Au cours de ces journées, il a rencontré des évêques et des chefs religieux, non seulement du Soudan du Sud, mais aussi des pays voisins - Éthiopie, Kenya, Ouganda, Zambie - qui sont venus le voir et exprimer leur solidarité.

Rencontre avec les personnes déplacées

Mais c'est sa rencontre avec les personnes déplacées au Freedom Hall de Juba qui a laissé une impression durable sur le cardinal Ameyu.

«Il leur a parlé directement. Il a entendu leur témoignage, de ceux qui ont été déplacés depuis 2013, de ceux qui ont tout perdu à cause de la guerre et des inondations», se souvient-il. Car le Soudan du Sud n'est pas seulement affligé par les conflits, mais aussi par les catastrophes liées au climat.

«Nous sommes confrontés à différents types de calamités, explique le cardinal Ameyu, certaines sont naturelles - causées par les inondations qui ont balayé des villages dans le nord, d'autres sont causées par l'homme, comme la guerre qui a commencé le 15 décembre 2013 et qui continue à déplacer notre peuple

L'accueil des fidèles au Pape.
L'accueil des fidèles au Pape.   (Vatican Media)

Un défenseur d'un peuple oublié

Le Pape François, note le cardinal, est l'un des rares dirigeants mondiaux à reconnaître continuellement cette souffrance. «Dans ce monde où co-existent de nombreux conflit, certains sont oubliés. Notre guerre a été oubliée, mais lui en a toujours parlé. C'est pourquoi nous disons que nous avons perdu un grand homme, notre défenseur», répète l’archevêque de Juba.

«Nous remercions Dieu pour la vie du Pape François», a conclu le cardinal Ameyu. «Mais nous sommes également en deuil, car nous avons perdu celui qui nous a vus, qui s'est tenu à nos côtés et qui n'a jamais laissé le monde nous oublier».

 

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24 avril 2025, 20:24