L’archevêque de Juba se désole de la perte de leur «défenseur»
John Baptiste Tumusiime et Linda Bordoni – Cité du Vatican
«Nous avons été choqués» par l’annonce du décès du Pape François, lui qui dimanche encore était apparu publiquement pour donner sa bénédiction. Dans une interview accordée à Vatican News, le cardinal Stephen Ameyu, archevêque de Juba, a exprimé le déchirement du peuple sud-soudanais qui «a perdu le seul avocat qui rappelait constamment au monde notre guerre oubliée». Ce un grand choc, et «pour nous, c'est une grande perte: le peuple du Soudan du sud a perdu son défenseur».
Le cardinal Ameyu se souvient avec gratitude de l'engagement indéfectible du Pape envers son pays. Alors même qu'il luttait contre sa pneumonie, «le 30 mars, il a mentionné nos problèmes. Il a mentionné le Soudan et le Soudan du Sud. Il nous a maintenus sous les feux de la rampe».
Il y a seulement deux ans, le Pape François s'est rendu au Soudan du Sud du 3 au 5 février 2023, sa dernière visite sur le continent africain. Malgré sa fragilité physique, il a tenu à entreprendre ce pèlerinage œcuménique pour la paix avec l'archevêque de Canterbury et le modérateur de l'assemblée générale de l'Église d'Écosse, déterminé à mettre en lumière les souffrances persistantes du pays et à se joindre aux prières pour la paix avec le peuple.
«Lorsque nous sommes allés l'accueillir à l'aéroport, se souvient le cardinal Ameyu, l'esprit s'est levé, «Il était très enthousiaste pour le peuple sud-soudanais ».
PLa visite du ape a été plus que symbolique. Elle a apporté de l'espoir à des milliers de personnes, en particulier aux personnes déplacées et marginalisées. Au cours de ces journées, il a rencontré des évêques et des chefs religieux, non seulement du Soudan du Sud, mais aussi des pays voisins - Éthiopie, Kenya, Ouganda, Zambie - qui sont venus le voir et exprimer leur solidarité.
Rencontre avec les personnes déplacées
Mais c'est sa rencontre avec les personnes déplacées au Freedom Hall de Juba qui a laissé une impression durable sur le cardinal Ameyu.
«Il leur a parlé directement. Il a entendu leur témoignage, de ceux qui ont été déplacés depuis 2013, de ceux qui ont tout perdu à cause de la guerre et des inondations», se souvient-il. Car le Soudan du Sud n'est pas seulement affligé par les conflits, mais aussi par les catastrophes liées au climat.
«Nous sommes confrontés à différents types de calamités, explique le cardinal Ameyu, certaines sont naturelles - causées par les inondations qui ont balayé des villages dans le nord, d'autres sont causées par l'homme, comme la guerre qui a commencé le 15 décembre 2013 et qui continue à déplacer notre peuple.»
Un défenseur d'un peuple oublié
Le Pape François, note le cardinal, est l'un des rares dirigeants mondiaux à reconnaître continuellement cette souffrance. «Dans ce monde où co-existent de nombreux conflit, certains sont oubliés. Notre guerre a été oubliée, mais lui en a toujours parlé. C'est pourquoi nous disons que nous avons perdu un grand homme, notre défenseur», répète l’archevêque de Juba.
«Nous remercions Dieu pour la vie du Pape François», a conclu le cardinal Ameyu. «Mais nous sommes également en deuil, car nous avons perdu celui qui nous a vus, qui s'est tenu à nos côtés et qui n'a jamais laissé le monde nous oublier».
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