Pâques en Birmanie: l'espérance renaît au milieu des décombres

Paolo Affatato - Cité du Vatican

C'est une Pâques qui sera célébrée au milieu des décombres. Elle réunira des familles déplacées pour partager des moments de foi, de prière et de célébration des sacrements. Les personnes déplacées en raison du conflit civil qui tourmente le pays depuis quatre ans, après le coup d'État militaire de février 2021, côtoient les nouveaux déplacés, ceux que le violent tremblement de terre du 28 février a contraints à vivre dans la rue: ce sont les nouveaux sans-abri, exposés, entre autres, aux intempéries.

La joie chrétienne au milieu de la dévastation

Les familles catholiques de Mandalay, Sagaing, Taunggyi et d'autres localités touchées par le tremblement de terre se préparent à célébrer Pâques au milieu des ruines et des débris «en signe de résilience et de joie chrétienne au milieu de la dévastation et de la souffrance», a déclaré à l'agence de presse Fides, le père John Kyaw Thu Ya, curé de l'église Notre-Dame de Lourdes dans l'archidiocèse de Mandalay, qui a été complètement détruite par le tremblement de terre. L’Esprit Saint soutient ces communautés dans l'épreuve. Sur instruction de l'archevêque de Mandalay, Marco Tin win - lui aussi contraint de vivre dans la rue, dans le complexe de la cathédrale, où les réfugiés s'entassent - les curés rassemblent les fidèles pour célébrer les rites de la Semaine Sainte et de la veillée pascale, en dressant un autel juste devant les décombres des églises, en signe de foi et d'espérance.

Ces vestiges, en cette Pâques, ont une valeur hautement symbolique: «Si nous voyons le spectacle tragique des églises détruites, brisées en morceaux, nous pensons d'autant plus aux “pierres vivantes” que sont les baptisés: la foi est solide, elle est fondée sur le roc qu'est le Christ, et elle ne faillira pas face aux coups du sort, à la violence, aux catastrophes naturelles», a déclaré aux médias du Vatican le père Augustine Win Shwe, curé de l'église des Saints Joachim et Anne, dans le village de Myauk Kaing, dans la région de Mandalay.

Après le tremblement de terre, le prêtre a vécu des moments de profonde émotion avec sa communauté, mais il a voulu continuer à prier et à célébrer la messe à l'extérieur de l'église, qui avait été ravagée par les secousses. Dans ces mêmes conditions, dans les paroisses de Mandalay (25 églises inhabitables sur 40), les fidèles ont vécu le dimanche des Rameaux avec le courage de crier «Hosanna au Roi des rois!» en marchant dans les rues jonchées de personnes déplacées. C'est ainsi qu'ils célébreront la Pâques, «un moment où les fidèles se rassemblent, à Mandalay comme dans les autres régions touchées, pour expérimenter la victoire du Christ sur la mort», a dit le père Win Shwe.

Le Seigneur aux côtés de ceux qui souffrent

Comme à Mandalay, à Myitkyina, capitale de l'État Kachin, l'évêque John Mung Ngawn La Sam, consacré il y a quelques mois seulement et qui a pu passer quelque temps à Rome, a encouragé les fidèles au cours de la Semaine Sainte, à «ne pas désespérer mais à toujours chercher la volonté de Dieu, même dans les difficultés et les adversités du présent». Le Vendredi saint, jour où l'Église commémore et revit la Passion du Christ, «rappelons-nous que la croix que nous portons avec le Seigneur Jésus est une bénédiction», a-t-il déclaré au peuple. À un peuple en proie à de terribles difficultés, au labeur d'une vie quotidienne où chaque jour pourrait être le dernier: «Lorsque nous portons la croix, a déclaré l’évêque, souvenons-nous qu'au milieu de nos souffrances, le Seigneur Jésus est toujours avec nous. Le Christ est parmi les souffrants de Mandalay, Sagaing, Myitkyina. Le Seigneur Jésus est aux côtés des personnes déplacées à l'intérieur du pays, aujourd'hui épuisées par la douleur».

Les paroisses de Yangon

À Yangon, région plus légèrement touchée par le tremblement de terre et épargnée par la guerre - car située dans la partie centrale du pays, fermement sous le contrôle du gouvernement et de l'armée Biman - les paroisses se préparent pour la célébration de la Pâques dans un contexte pourtant marqué par une crise multidimensionnelle qui touche les sphères sociale, économique et éducative en raison de l'interruption de l'enseignement scolaire. Dans ce contexte, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Yangon, a souhaité s'arrêter sur la figure de l'agneau, «humble créature, obéissant à la volonté de Dieu: le peuple de Birmanie est appelé à prendre exemple sur cet agneau», a-t-il déclaré.