L'Église inquiète de fermetures d'écoles au Nigeria pour le Ramadan
Paul Samasumo - Cité du Vatican
Les médias nigérians avaient rapporté que les gouverneurs des États de Bauchi, Katsina, Kano et Kebbi avaient annoncé leur intention de fermer les écoles et d'interrompre toutes les activités académiques pendant cinq semaines pour le jeûne du Ramadan. À l'exception de Kano, les États de Katsina, Kebbi et Bauchi ont depuis ordonné à toutes les écoles publiques et privées de rester en vacances pendant toute cette période, c’est-à-dire du 28 février au 30 mars.
La décision prise par les différentes autorités locales a suscité des inquiétudes, notamment au sein de l'Église catholique.
«Cette décision, qui affecte non seulement les étudiants musulmans mais aussi les étudiants chrétiens et les écoles appartenant à des chrétiens, soulève de sérieuses questions quant à la nature laïque de notre pays et aux droits de tous les citoyens», affirment les évêques dans leur déclaration co-signée par le président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria, Mgr Lucius Ugorji, et par le secrétaire de la CBCN, Mgr Donatus Ogun, O.S.A. Les évêques exhortent le gouvernement fédéral du Nigeria à intervenir et à garantir les droits de tous les Nigérians, indépendamment de leur foi ou de leur appartenance culturelle.
«L'État nigérian est laïc, et cette laïcité n'est pas une simple déclaration; c'est un principe fondamental qui doit guider tous les aspects de notre vie nationale», soulignent les évêques.
Le plus grand nombre d'enfants non scolarisés au monde
Ils se disent «particulièrement préoccupés par l'impact de cette décision sur le taux déjà alarmant d'enfants non scolarisés dans le nord». Selon l'UNESCO, le Nigeria est le pays qui compte le plus grand nombre d'enfants non scolarisés au monde, avec plus de 10 millions d'enfants ne fréquentant pas l'école. «Cette décision ne fera qu'exacerber cette crise et saper les efforts déployés pour améliorer les résultats scolaires dans la région», alertent-ils.
Avant que le gouvernement fédéral n'intervienne, les évêques appellent «les gouverneurs des États concernés à reconsidérer cette décision et à explorer des arrangements alternatifs qui respectent les droits et les libertés de tous les citoyens».
La société civile condamne les décisions
L'Association chrétienne du Nigeria (CAN) a condamné la décision des États de Bauchi, Katsina, Kano et Kebbi de fermer toutes les écoles pendant le jeûne du Ramadan. Selon cette organisation, les nations musulmanes comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, où l'islam occupe une place centrale et où le Ramadan est respecté, ne ferment pas les écoles pendant toute la période de jeûne. «Au lieu de cela, ils adaptent les horaires, en réduisant les heures de cours ou en offrant une certaine flexibilité, afin d'équilibrer l'éducation et la pratique religieuse», a déclaré Daniel Okoh, président de la CAN.
Les chrétiens ne sont pas les seuls à protester contre les fermetures. Sahara Reporters cite l'activiste des droits de l'homme Omoyele Sowore qui se demande pourquoi les considérations religieuses sont autorisées à interférer avec les activités académiques. L'Association nationale des étudiants nigérians (NAN) a menacé d'organiser des manifestations à l'échelle nationale si les États du Nord ne revoyaient pas leur décision.
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