À Sainte-Marie-Majeure, François parmi les siens
Marine Henriot – Basilique Sainte-Marie-Majeure, Rome
Au passage de François lors de sa dernière visite à Sainte-Marie-Majeure, les applaudissements et la joie. Les derniers parmi les derniers, ceux qui lui offrent un ultime regard, sont ses enfants préférés: des personnes dans le besoin, que la vie n'a pas épargné.
Elles sont une quarantaine sur les marches du parvis de la basilique libérienne, une rose blanche à la main. Parmi elles, dix personnes réfugiées aidées par la Caritas ou cinq détenus de la maison d'arrêt de Rebibbia, rencontrées en décembre 2024 par François lors de l'un des gestes les plus symboliques de son pontificat: l'ouverture d'une Porte Sainte en prison. Egalement des familles en difficultés, des personnes sans-abris, des personnes transgenres et des femmes victimes de la traite, accompagnés par des associations religieuses et laïques. Presque toutes ont déjà rencontré le défunt Saint-Père.
Loin des officiels et des chefs d’Etats, dans le cœur de la capitale italienne, ceux à qui François a consacré son pontificat ont le regard embué, mais les visages sont joyeux au passage du corps du Souverain pontife.
Un dernier bain de foule
Autour de la basilique de la colline de l’Esquilin, où la neige tomba le 5 août 358, plusieurs milliers de personnes. Certains sont venus dès 10h ce matin, pour vivre en communion la messe d’obsèques grâce aux écrans installés. Une foule hétéroclite, baignée par le soleil.
Il y a ceux venus pour le Jubilé des Adolescents, des scouts, des groupes de diocèses ou d’association, des religieuses, et de nombreux Romains de naissance ou d’adoption. Parmi eux, Michel, un sénégalais arrivé en Italie il y a deux ans et demi: «ses enseignements m’ont beaucoup apporté, il m’a aidé à avoir une foi ferme et à m’ouvrir envers les autres, à être un serviteur pour les uns et pour les autres et surtout envers les personnes diminuées». Loin de son Sénégal natal, Michel se reconnait parmi les personnes exilées, si chères au Pape François. «Je le sentais à ma disposition, ses discours me faisaient du bien.»
Une basilique romaine
Ceux qui habitent dans ce quartier qui relie le Colisée à la gare centrale, carrefour abritant la seule basilique papale dédiée à la Vierge, sont fiers de savoir que le 266e Souverain pontife reposera à leurs cotés. Massimo, venu avec la communauté Sant’Egidio, ne peut s’empêcher de sourire «c’est un beau choix que celui de François d’être inhumé ici… Et pour nous, c’est une belle vantardise.» Selon l’habitant de l’Esquilino, ce quartier est à l’image du défunt pontife, «une zone cosmopolite, avec tant de cultures différentes, des Romains de l’ancienne génération, des plus jeunes. C’est beau que ce Pape venu de l'autre bout du monde vienne se reposer ici».
Après le passage de la papamobile, Irene, ne suit pas la marée humaine pour quitter Sainte-Marie-Majeure, et n'est pas tout à fait prêtre à reprendre son quotidien. Prise d’émotion, elle s’assoit, prend le temps de réaliser ce qu’elle vient de vivre. Elle aussi, qui a grandi dans le quartier, est fière d’avoir «son» Pape qui repose à ses côtés. Les larmes coulent le long des joues qu’elle cache derrière des larges lunettes de soleil. Elle a dans ses mains tatouées une rose blanche, une de celles qui étaient dans les mains des 40 personnes dans le besoin sur les marches de la basilique libérienne, «je l’ai trouvé, j’y vois un signe».
Sur la façade qui fait face à la basilique qui abrite la Salus Populis Romani, une énorme banderole affichée par les riverains transmet ce que de nombreuses personnes pensent ici, «Grazie Francesco».
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