Recherche

Image d'illustration Image d'illustration 

Méditation du Vendredi Saint

Du père jésuite Antoine Kerhuel

Références: (Is 52, 13 – 53, 12); Ps(30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25);(He 4, 14-16 ; 5, 7-9);(Jn 18, 1 – 19, 42)

En ce Vendredi Saint, nous écoutons des lectures qui ne peuvent nous laisser insensibles. Le prophète Isaïe annonce la figure d’un Serviteur souffrant et humilié, qui donne sa vie pour la multitude. L’auteur de la lettre aux Hébreux nous invite à reconnaître en Jésus un grand prêtre qui, loin d’être incapable de compatir à nos faiblesses, s’est fait à notre ressemblance, excepté le péché. L’évangéliste Jean raconte en détail la passion de Jésus. Ces textes nous conduisent au silence et au recueillement, plutôt qu’à de longs discours.

Entrons dans le récit de la passion en observant les personnages, en écoutant ce qu’ils disent et en voyant ce qu’ils font. Où nous situons-nous parmi ces personnages ? Il y a d’abord le groupe des disciples qui accompagne Jésus dans un jardin. Judas n’est pas avec eux, ; il arrive avec un détachement de soldats qui procèdent à l’arrestation de Jésus. Pierre est présent sur place ; téméraire, il tire son épée et blesse un serviteur du grand prêtre ; plus tard, moins fougueux, il déclare ne pas connaître celui qui a été arrêté et il échappe ainsi à quelques ennuis. Il y a aussi les hommes qui font leur métier : les gardes et les serviteurs, peut-être fiers ou peut-être honteux de ce qu’on leur demande de faire, peut-être même indifférents. Il y a Pilate, détenteur de l’autorité d’une puissance qui occupe Jérusalem, pris au piège par les grands prêtres qui l’acculent à condamner un prisonnier, Jésus, en qui lui-même, Pilate, ne voit aucun motif de condamnation. Il y a les grands prêtres, dérangés par les actes et les paroles de ce Jésus en qui la foule voit un grand prophète ; ils sont soucieux de saisir une bonne occasion pour éliminer une personnalité gênante. Il y a Barabbas qui s’attendait sans doute à un châtiment sévère et qui doit être bien surpris de se voir libéré. Il y a la foule qui crie, hurle et exige la mort de celui que certains d’entre eux avaient probablement acclamé quelques jours plus tôt lors de son entrée triomphale à Jérusalem. Il y a deux condamnés à mort, crucifiés avec Jésus. Puis il y a, au pied de la croix, la mère de Jésus et d’autres femmes proches de lui, ainsi que le disciple que Jésus aimait – dont l’évangéliste Jean ne donne pas le nom. Ces intimes de Jésus sont là, présents, comme on se tient aux côtés d’un familier à l’agonie. A sa mère et au disciple, Jésus laisse un message chargé de respect et d’affection : «Femme, voici ton fils» et «Voici ta mère». Il y a les soldats, qui réagissent sans doute de manière dispersée à ce dont ils sont les témoins : ils tirent au sort la tunique de Jésus, l’un d’entre eux approche des lèvres de Jésus une éponge trempée dans le vinaigre, et un autre, de sa lance, perce le flanc de Jésus. Il y a Jésus, bien sûr, qui entre librement dans le don total qu’il fait de lui-même, montrant ainsi comment Dieu appelle tout être humain à la vie.

Nous pourrions mentionner encore d’autres personnes impliquées dans la passion de Jésus. Dans cette diversité humaine, c’est toute l’humanité qui est présente : gens de pouvoir et petites gens, gens d’ailleurs et gens du pays, gens touchés par Jésus depuis longtemps et gens mus par la curiosité. Cette humanité, c’est la nôtre. Nous sommes là, nous aussi, quelque part dans ces événements. Osons-nous nous sentir concernés, et non simples spectateurs du récit de la passion de Jésus ? Sommes-nous ouverts à ce qui se passe ? Acceptons-nous que ce qui se passe ait quelque chose à voir avec nos besoins, avec notre attente de l’amour de Dieu, mais aussi avec nos résistances à cet amour ? Dans la passion de Jésus, c’est Dieu lui-même qui nous rejoint et nous cherche !
Puisse la célébration de ce Vendredi Saint ouvrir nos cœurs à la manière radicale dont Dieu vient à nous. Puissions-nous nous préparer à Lui répondre !


 

17 avril 2025