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Le Pape François à la polyclinique Gemelli. Le Pape François à la polyclinique Gemelli.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le Pape François, «un patient qui a su tisser les liens au Gemelli»

Dans sa maladie, le Pontife argentin «avait clairement à l'esprit la fragilité du monde. Il pensait aux autres, aux personnes qui étaient dans le besoin», témoigne docteur Carlo Torti, directeur de l'Unité chirurgicale des maladies infectieuses de la Fondation polyclinique Agostino Gemelli, et membre du personnel médical qui a soigné le Souverain pontife lors de son hospitalisation. Pour lui, le Saint-Père était un «point de référence» capable de générer une atmosphère sereine.

Antonella Palermo - Cité du Vatican

Un vrai «poumon» pour un monde déchiré, un «souffle» pour regarder au-delà des limites étroites de sa propre individualité. C'est ce qu'a été le Pape François, jusqu'à la fin, et plus encore dans les dernières étapes de sa vie terrestre: alors qu’il perdait peu à peu son souffle et que l’on entendait à peine sa voix, sa préoccupation pour les autres devenait encore plus forte. Le docteur Carlo Torti, directeur de l'Unité chirurgicale des maladies infectieuses de la Fondation polyclinique Agostino Gemelli, professeur titulaire de la clinique des maladies infectieuses de l'Université catholique du Sacré-Cœur, l'un des membres du personnel médical qui a soigné le Souverain pontife lors de son hospitalisation pour une pneumonie bilatérale, le confirme par une métaphore. Il raconte aux médias du Vatican les dernières semaines du Pape, depuis son admission à l'hôpital jusqu'à sa dernière sortie le dimanche de Pâques.

«Le Pape a été un guide pour nous, médecins»

«Lorsque nous avons appris que nous allions nous occuper du Pape, l'impact émotionnel a été très intense pour chacun d'entre nous. Nous étions appelés à suivre une personne qui représentait un point d'appui spirituel et moral pour le monde entier». «Dès notre première visite avec lui, se souvient le docteur Torti, toute cette inquiétude s’est dissipée». L'infectiologue souligne l'extrême confiance accordée au personnel de l'hôpital: «Il a également été d’une grande aide durant la période du traitement. Nous étions très soudés et très attentifs à ses besoins, non seulement physiques mais aussi humains. La proximité, l'échange d'une poignée de main, pour lui comme pour tous les autres patients, est quelque chose de très important». La réciprocité était telle que le Pape, explique le médecin, «représentait aussi un guide pour nous».

«Il nous a donné plusieurs fois des chapelets de Terre Sainte»

Le docteur Carlo Torti raconte qu'à plusieurs reprises, le Pape François a donné des chapelets à l'équipe médicale, en insistant sur le fait qu'ils venaient de Terre Sainte. Une précision qui n'était pas fortuite, selon lui: «Même dans ces moments-là, il avait clairement à l'esprit la fragilité du monde. Ce qui m'a surpris, c'est que dans ses moments de fragilité personnelle, il pensait aux autres, aux personnes qui étaient dans le besoin. Sa dimension spirituelle était évidemment davantage tournée vers le prochain», poursuit-il, rappelant ces signes révélateurs d'une personnalité, celle de Jorge Mario Bergoglio, constamment ouverte au monde: «Une personne qui identifiait les besoins, pas seulement matériels des personnes, et qui essayait de les soutenir dans un sens global. Nous avons effectivement perdu un point de référence dans ce monde qui semble en avoir de moins en moins», affirme-t-il.

Un Pape qui a pu tisser les liens

«On reste avec le sentiment de ce que l'on a fait, perçu, donné, plutôt qu'avec un événement spécifique», poursuit-il, ajoutant ensuite: «Je dois dire qu'en réalité, chaque fois que nous sommes entrés dans la chambre et que nous avons demandé à le visiter, il ne nous a jamais fait sentir la gêne que nous aurions pu lui causer, en particulier dans les moments les plus éprouvants pour lui». C'est aussi, si l'on veut, une sorte de «clarté» métaphorique qu'il nous a transmise. Bien sûr, «il y a eu des moments où nous étions très inquiets, quelques chutes, mais le fait d’avoir formé une équipe, et le fait qu'il l'ait lui-même consolidée, a été un peu un remède pour nous. Nous l'avons guéri, mais il a guéri toute l'équipe. Pour moi, c'est le paradigme du patient ayant eu de bonnes relations avec les soignants, ce qui fait plaisir aux médecins». Le Pape François a su tisser des liens jusqu'à la fin, et «peut-être au moment le plus critique de sa santé. Cela témoigne de sa profondeur, même non conventionnelle. C'est quelque chose que je n'oublierai jamais».

 Le «souffle» du monde

Le docteur Torti souligne à quel point le Pape était capable de générer une atmosphère sereine. Il l'a également manifesté lors de l'audience accordée au Vatican le 16 avril dernier au groupe des cadres supérieurs et du personnel du Gemelli, de l'Université catholique et de la Direction de la santé et de l'hygiène de la Cité du Vatican: «Il est apparu comme un point de référence au-delà de ce qu’il représentait. Vous comprenez que les grands sont d'autant plus grands, lorsqu'ils se font petits, et se font comprendre des gens avec qui ils sont en contact. Pour moi, cela reste l'une des caractéristiques les plus importantes du Pape François: se faire proche et se faire petit face aux autres, même dans les moments où l'on ne penserait qu'à sa propre intégrité physique». Durant sa période de convalescence, on percevait «un patient certes attaché à la vie et à sa valeur, mais aussi très ouvert à la volonté de Dieu. C'est ce qui, à mon avis, lui a donné la sérénité». Concluant, le docteur Carlo Torti souligne que «même lorsqu'il souffrait de dyspnée et peinait à respirer, il était clair que le souffle qui l'intéressait le plus, n'était pas le sien, mais celui du monde et pour le monde».

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23 avril 2025, 17:56